31/12/05 : fin d'année
Dernière journée de 2005...2005 : année charnière dans notre vie...
Le 5 janvier, l'annonce choc de la fausse-couche, à trois mois de grossesse, alors qu'apparemment, tout allait très bien.
L'effet d'une bombe, le ciel nous tombe sur la tête...
Bizarrement, j'étais plus mal après que je ne le suis aujourd'hui.
S'en sont suivis de longues semaines dans le noir, à ne plus savoir ce que je voulais, et à ne plus trouver aucune saveur à tout ce que j'aimais...
Quand on en arrive là, on se fait peur...et puis, subitement, un jour, parce que le temps est passé, parce qu'il fait beau et que les oiseaux chantent, on se reprend à rêver, construire des projets, se projeter dans le futur... la sensation que ce quatrième enfant s'impose comme une évidence, la seule condition au retour à la sérénité et au bonheur...alors on s'en remet encore une fois à la vie... on espère que dame nature nous donnera ce que l'on attend...
Je pense sincèrement que ces longs derniers mois de souffrance et de doutes va contribuer à atténuer notre douleur d'aujourd'hui...On en a tellement parlé, tellement de professionnels nous avaient préparé au pire...
Il y a eu tellement de pleurs, de pourquoi, de psychotages et de doutes avant...mon cerveau a déjà tellement été sollicité pour ça... Aujourd'"hui, je sais que nous avons fait le maximum, jusqu'aux dernières limites...
Ce qui m'angoisse, c'est le temps qui passe et qui me sépare de cette grossesse...
parfois, la nuit, je me réveille en pensant ressentir les petits coups furtifs de notre petit bout...et en quelques fractions de seconde, je me souviens...il n'est plus là...c'est le vide dans mon corps, il a quitté son écrin protecteur...nous l'avons laissé partir pour toujours...
Il faut aussi subir les montées de lait, malgré les médicaments...la vie a été là jusqu'au bout, la nature garde ses droits...me dire que je n'allaiterai plus, c'est insupportable...
Je dois faire le deuil de la maternité, avec tout ce qu'elle représente : porter la vie, la donner, rencontrer ce petit être , mélange de lui et moi...puis le sentir, le porter, le guider...
Contribuer à construire une nouvelle vie...dans l'amour et aevc nos valeurs...transmettre le bonheur de la vie....c'était tout ça, pour moi.
Je m'aperçois aujourd'hui que j'avais jusque là une vision bien idyllique de la vie... reflet d'une vie dorée, sans aucun grand malheur...
Jusqu'à peu, je pensais pouvoir diriger ma vie...j'imaginais qu'il suffisait d'agir et de décider pour continuer à être heureux...je sais maintenant, que parfois, il faut subir...et aussi que quand on croit vivre le pire, il y a toujours pire... il y a des évènements où nous n'avons aucune lattitude d'action et de décision, la vie fait le travail à notre place...
Mais il va falloir regarder les choses en face, en toute objectivité : comment se plaindre alors que j'ai frôlé la mort? Comment ne pas se contenter de notre vie à cinq, riche d'amour et si mouvementée... pourquoi ne pas laisser là ces autres projets, cet idéal de vie, pour revenir à tout ce qui fait de nous ce que l'on est : une famille unie, de l'amour tout autour de nous, un travail que j'adore et qui me permet de tellement donner et partager...
Demain, c'est la nouvelle année...traditionnellement, il faut faire des voeux...